Le Gravel, un phénomène de mode ou une vraie discipline ?

Le Gravel…

Dans l’imaginaire de ce bon vieux routier sprinter, ce sont des barbus amateurs de bière qui font du vélo en short (sans peau de chamois). Un chouia d’embonpoint, des pédales plates, voire encore des jambes dont les fantaisies capillaires pourraient être à l’origine de bien des échanges plus ou moins houleux entre les protagonisites des deux clans.

Le Gravel…

« C’est rien d’autre qu’un vélo de cyclo cross qu’on utilise aussi en été », avec en plus un phénomène de mode qui entraîne une escalade de la violence du côté des tarifs pratiqués pour des vélos ou des accessoires tous plus inutiles les uns que les autres, comme la chemise à carreaux à 200 balles qui te sert de maillot de vélo (tu les mets où tes gels ????)

Le Gravel…

Manquerait plus qu’ils en sortent des électriques pour bien finir le travail…Au moins les pratiquants ne pourraient plus s’amuser avec leurs « perchades » à la con qui innondent les groupes sur les réseaux sociaux.

Voila une vision, certes volontairement caricaturale, mais qui n’est pas sans contenir certaines vérités (la chemise à carreaux, sans déconner…) mais que nous avons souhaité « déconstruire » car oui, le gravel, c’est cool en vrai.

Loin des dangers de la route

L’avantage du gravel, selon moi le plus intéressant, c’est de pouvoir rouler en dehors des routes. Parce que les routes, on ne leur en veut pas directement, on les aime même très fort. Le souci c’est qu’elles sont emplies de cons prêts à te tuer pour être à l’heure à la crèche. A la longue c’est fatigant en plus d’être dangereux. Alors oui, sortir des routes sans se retrouver sur un VTT avec un guidon de 2m de large et des suspensions qui te rappellent à chaque coup de pédale combien tu es devenu mauvais, ça a du sens. Notamment pour les cyclistes qui vivent dans des zones densément peuplées ou qui ne peuvent pas trop rouler en dehors des horaires auxquels les fous du volant chercent leurs chérubins chéris à la crèche.

A l’aventure

Les routes départemenatles vers chez toi, les pistes cyclables, les ponts d’autoroute venteux, le moindre nid de poule à 70km à la ronde, tu les connais par coeur. Et c’est cool.

Mais va faire un tour en gravel et tu vas te rendre compte d’un truc : les chemins qui sont à plus d’1km de chez toi et que tu n’as pas sillonné pendant le confinement, tu les connais pas. Et ça va te redonner un boost monstrueux pour aller rouler. Tu vas, toi aussi, te sentir le pionnier que j’ai été en partant à la découverte des sentiers de la forêt de la Hardt.

Enfin, le gravel te permettant (un peu quand même) de pédaler sur route, il est vraiment très agréable de ne pas réfléchir, de se dire : « tiens, la saloperie à 18% dans les vignes à droite elle a l’air cool, je vais voir. » – Faire 200m, « presque mourir », puis faire demi-tour. Personne ne te juge.

Bref aller rouler sans avoir préparé à la lettre ton GPX sur strava ou Garmin. Ne pas savoir qu’après le virage à gauche là bas tu vas avoir le vent dans la tronche pendant 34 km. Prendre des initiatives, parfois malheureuses mais assumées…C’est cool.

Mais, car il y a toujours un mais

Le gravel, grosso modo, sans aucune volonté de vexer quiconque (puristes ou cyclistes faisant un déni de la route), c’est un vélo de route avec des pneus plus larges, des crampons, en général avec une section de 40 à 42. Plus que ça, c’est indécent, ou du VTT.

En résumé le gravel, c’est un vélo de cyclo-cross avec des pneus à peine peu plus larges et des porte bidons.

Je viens de perdre de l’audience…mais je m’en fous, c’est ma vérité.

Bref, ce que je veux dire, est que ce n’est pas fait pour rouler sur des sentiers trop engagés. Le jeu de direction de mon vélo en a fait la triste expérience.

Gros cailloux, trop grosses pentes, sauts etc…Faut oublier.

Bien sûr tu trouveras sur You tube, ou tiktok si tu es jeune, des vidéos de gars qui descendent un truc de l’enfer au find fond du Colorado, à 40 à l’heure, sans casque, avec…Une chemise rouge à carreaux… et terminent par un saut de 7m par dessus une route abîmée.

Mais ce n’est pas toi.

Toi, essaie de profiter des chemins de vignes, de petits « singletracks » pas trop tape cul, des belles montées sur les sentiers larges, qui en général contournent les pentes à 28% qu’on trouve en forêt et de fait rendent la montée accessible.

Si tu veux vraiment t’engager sur de la vraie technique, va faire du VTT.

C’est mon avis.

Côté technique

Enfin, faire du gravel, ça implique d’avoir (un peu) plus de soucis mécaniques que sur la route. Et c’est normal. Le matériel est soumis à plus de contraintes (terrain cassant, boue, épines etc…).

Aussi, il me semble utile d’avoir un bagage technique un peu plus diversifié que de « juste » savoir changer une chambre à air (en 3 essais).

L’entretien est plus fréquent, notamment pour la transmission qui voit plus de misères que celle du routier sprinter. La casse est plus fréquente aussi.

Perso j’ai monté des tubeless que j’alimente régulièrement en préventif. Jamais percé. Enfin si, plein de fois, maudites épines… Mais j’ai juste des taches blanches de liquide sur le pneu. Merci le préventif.

Bref, pneus tubeless plus que fortement conseillés. Et il faut savoir les monter.

EN CONCLUSION

Le gravel c’est cool. Y en a pour tout le monde, en partant des bucherons au style canadien à chemise à carreau, aux routiers en panne d’inspiration, en passant par les nouveaux cyclistes qui trouvent dans la discipline un côté plus accessible que le cyclisme sur route.

Ca permet en outre d’aller rouler en forêt lorsque le vent de notre chère plaine d’Alsace souffle à 60km/h ou qu’il fait 2 degrés et que l’onglée frappe à ta porte.

Le gravel dans les vignes (ou les montagnes à condition d’éviter les sentiers trop difficiles) te fait également travailler le cardio aussi fort qu’un prof de RPM en salle de gym. T’as pas besoin de le payer, ni de l’entendre, encore moins de le voir. Que des avantages.

Alors oui, il y a des gens qui aiment les clivages, des routards qui vont pas vouloir entendre parler de ce phénomène de mode, ou encore des graveleux qui ne mettront jamais leur cul sale sur un vélo de route parce que c’est chiant, la route.

Tous s’accorderont pourtant à passer leur 9 avril le cul sur le canap à regarder Paris Roubaix. De quoi mettre tout le monde d’accord. Enfin.